LA CERAMISTE

Embellir le quotidien

J’ai 21 ans, je suis sur l’île de Shikoku au Japon et je tourne mon premier bol.

J’ai 40 ans quand j’installe mon premier atelier à Séné en 2014.
Un projet qui a mûri pendant 20 ans.
J’ai fait quelques détours avant de me consacrer entièrement à la céramique, que j’ai toujours pratiquée en parallèle de mes différentes activités professionnelles.

Premier bol tourné au Japon

Au total, je passerai deux ans et demi sur l’archipel nippon. Aujourd’hui, ce Japon teinte très clairement ma production et anime mon pinceau. Voilà pourquoi j’ai choisi de signer mes créations à l’aide d’un sceau gravé de 3 katakana: ru-chi-a, Lucia en japonais, celui-là même que je me fis faire lors de mon premier séjour pour ouvrir un compte dans une banque japonaise.

Sceau signature

Motif « Herbes folles »

Une attention subtile aux êtres et aux choses… Je me sens proche de l’esthétique japonaise «wabi-sabi». C’est un style épuré mais pas dénué de vie. Les objets wabi-sabi sont des objets auxquels on est attaché émotionnellement et qui proviennent de l’artisanat, donc façonnés par la main de l’artisan-e. Une attention toute particulière est portée aux  irrégularités, à ces petites imperfections qui s’expriment dans les objets artisanaux. Les notions du wabi-sabi telles que l’élégance de la simplicité et l’harmonie avec la nature sont très présentes dans ma création.

Wabi-sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses modestes et humbles. C’est la beauté des choses atypiques…

Wabi-sabi à l’usage des artistes, designers, poètes et philosophes, Léonard Koren

J’ai nourri ma réflexion sur ma pratique de l’artisanat et de l’art avec des penseurs tels que Sôetsu Yanagi (1889-1961), leader intellectuel du mouvement artisanal japonais, ou William Morris (1834-1896), artisan anglais, designer textile, écrivain, conférencier.

Pour moi, la plus grande chose est de vivre la beauté dans la vie quotidienne et de remplir chaque moment avec des choses de beauté. C’est alors, et alors seulement, que l’art populaire dans sa totalité revêt sont sens le plus riche car ses produits sont ceux que font de nombreux artisans pour le peuple.

Paraphrasé par Bernard Leach, dans Le livre du potier (1940)

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William Morris s’interroge sur les arts décoratifs et sur leur importance dans la vie quotidienne. Morris conçoit en effet l’artisanat comme une force créatrice susceptible de défier la production industrielle, qu’il juge esthétiquement médiocre et peu propice à l’épanouissement des ouvriers. Embellir la vie, telle sera son credo, voire sa raison de vivre. Je le suis entièrement dans cette voie.

N’ayez rien dans votre maison que vous ne sachiez être utile ou que vous ne pensiez beau.

William Morris